lundi 20 août 2012

Une nouvelle Pharmacie Communautaire pour les PVVIH à Yaoundé


Selon le profil des estimations et projections, le taux de séroprévalence dans la population générale au Cameroun est estimé à 4,3% en 2011 ; avec en moyenne 900.000 personnes vivant avec le VIH (PVVIH). Les enfants de 0 à 15 ans représentent 8% de cette population, soit en moyenne 72.000 enfants et à ce jour seuls 3994 enfants (12,48%) ont bénéficié  du traitement ARV parmi les 32 000 enfants éligibles attendus au courant de l’année 2011.
Sachant que 50% des Camerounais vivent avec 500 FCFA par jour, soit un revenu mensuel d’environ 15 000 Fcfa, on comprend facilement qu’au moins 450 000 adultes et 36 000 enfants vivant avec le VIH n’ont absolument pas les moyens de financer leur prise en charge médicale même avec les quelques tarifs subventionnés et malgré la gratuité des ARV.
Bien que les Centres de traitement à Yaoundé et ses environs disposent de quelques stocks de médicaments gratuits (très rares) pour les indigents souffrant des infections opportunistes (I.O), ils sont le plus souvent indisponibles, ce qui oblige les patients à acheter ces médicaments dans les pharmacies commerciales. La quasi-totalité des traitements des IO restent à la charge des PVVIH. Or, une ordonnance pour traiter une maladie opportuniste coûte en moyenne 12 000 FCFA pour une moyenne de 4 à 6 ordonnances dans certains cas par an.
Durant une décennie, l’association a apporté une contribution allant jusqu’à 100 % de l’achat des ordonnances médicales dans les pharmacies commerciales en faveur des PVVIH indigentes et notamment le couple mère et enfants infectés par le VIH ; en couvrant les besoins d’un nombre assez faible de personnes. Pour améliorer l’offre qualitativement et quantitativement, il a fallu penser à un mécanisme mieux adapté.  
Avec l’appui d’un groupe de médecins prescripteurs dans les UPEC et CTA, des pharmaciens conseils, un fonds de médicaments de base (les plus fréquemment prescrits aux PVVIH) a été constitué avec possibilité de mise à jour régulière ; afin de satisfaire au mieux la demande sans cesse croissante des PVVIH indigentes de la ville de Yaoundé.  
S’appuyant à la fois sur les bénéfices d’achats groupés et autres facilitations auprès des centrales/grossistes de médicaments, les subventions des partenaires au développement, la pharmacie communautaire de KidAIDS Cameroun offre des réductions allant de 25% à 75 % du prix des pharmacies commerciales.
Médicaments disponibles pour les PVVIH uniquement sur prescription médicale !

mardi 10 avril 2012

Le processus d’annonce du statut sérologique aux adolescents vivant avec le VIH au Cameroun : pratique de l’association KidAIDS.


Marie-Jo Atangana-Ndzié à AFRAVIH, Genève 2012.
Le contexte : 
La création de l’association en 2003 intervient dans un contexte de quasi-inexistence des structures communautaires spécialisées dans l’accompagnement psychologique et social des enfants infectés et affectées par le VIH/SIDA, limitant la prise en charge pédiatrique aux seules interventions médicales au Cameroun.
En 2011, la proportion des enfants sous ARV ne connaissant pas leur statut sérologique reste très élevée ; car des 377 enfants de 1 à 19 ans suivis, seulement 43 d’entre eux connaissent leur statut (11%) dans un environnement social marqué par de fortes réticences, des préjugés et des représentations des parents.
A ce jour 3994 enfants (12,48%) sont sous ARV sur 32 000 infectés et éligibles au traitement.
Le suivi des enfants à KidAIDS repose sur quatre éléments : le soutien psychologique, l’éducation thérapeutique, l’annonce du statut et le soutien social. 
Assurer un processus d’annonce du statut aux enfants est une étape primordiale pour l’observance des traitements et la vie avec le VIH. 

La Méthode :
Les enfants sont reçus individuellement en entretiens en vue d’explorer les questionnements intimes, les problèmes psychologiques et y apporter une réponse.
Les visites à domicile sont organisées à l’intention des parents et des enfants pour évaluer les progrès et apporter un soutien émotionnel. 
L’annonce complète est faite à la suite d’un test d’évaluation des connaissances mené par le psychologue.
Des outils et moyens divers sont utilisés pour faire passer les messages dans un environnement qui se veut protecteur : boîtes à image, dessins, activités ludiques, visites de zoo/parc, pique-nique, jeux éducatifs, peinture, musique, théâtre, vacances thérapeutiques…

Un soutien social est apporté en complément : financement des ordonnances médicales, des examens biologiques, distribution des kits scolaires, des paquets alimentaires, la prise en charge du transport vers les hôpitaux ; ainsi que la médiation familiale et la protection juridique.

Le processus d’annonce proprement dit intervient en 5 étapes :

Etape 1 : Groupe de paroles pour les parents/tuteurs.
Il comprend les parents d’enfants en préparation à l’annonce et a pour objectif de les aider à mieux comprendre l’importance de l’observance des traitements et à faire le lien évident avec l’annonce du statut sérologique. Il vise entre autre à apporter des réponses aux nombreuses réticences et représentations.

Etape 2 : Groupe de paroles pour les enfants en éducation thérapeutique
Il admet les enfants âgés de 7 à 9 ans ignorant leur statut sérologique. Les thématiques visent à comprendre le rôle du système immunitaire dans l’organisme, le rôle des médicaments et donc de l’importance de l’observance des traitements.

Etape 3 : Groupe de paroles pour les enfants en préparation à l’annonce.
Il admet les enfants âgés de 9 à 15 ans. Les thématiques abordées portent sur le fonctionnement du système immunitaire et la personnalisation de la maladie à travers les différentes étapes (existence du microbe, traitement à vie et guérison impossible, vie possible et notions de VIH/SIDA).

Etape 4 : Groupe de paroles pour les adolescents (intermédiaires).
Il admet les enfants âgés de 11 à 15 ans dont l’annonce du statut vient d’être faite. Il s’agit essentiellement de donner du contenu à la toute nouvelle annonce (la reconstruction de la personnalité, une meilleure compréhension du VIH/SIDA, des réponses aux questionnements divers)

Etape 5 : Groupe de paroles pour les adolescents Leaders (AdoLead).
Il admet les adolescents et jeunes adultes âgés entre 13 et 20 ans. Les thématiques abordées permettent de promouvoir une vie positive qui favorise leur insertion sociale, le renforcement des compétences de vie, leur implication, leur autonomisation et la réponse aux nombreuses questions liées à la vie : sexualité, mariage, procréation, stigmatisation…).

Les Résultats
De 2010 à 2011, 102 groupes de parole animés (81 pour enfants et 21 pour parents) 15 participants/séance en moyenne ; 18 annonces réalisées. L’on observe une Amélioration de l’observance, une plus grande participation aux activités d’autopromotion.

Les difficultés
Pas de problème majeur d’acceptation ou de perturbation des relations sociales au sein des familles. Des parents se sont ouverts à leurs enfants sur leur propre sérologie ; toutefois de réticences fortes persistent et l’on peut énumérer d’autres problèmes tels : le repli des parents (angoisse) entraînant la longueur du processus, l’indisponibilité des parents à accompagner leurs enfants durant tout le processus, l’arrivée tardive des enfants au processus d’annonce, le dialogue parents enfants très limité.
Les perspectives
      Valorisation de cette expérience au niveau des  autorités, des structures de prise en charge et de l’ensemble des acteurs en vue d’une réplication de l’expérience sur le plan national en partant de sites pilotes au niveau de chaque Région.
      Prise en compte des aspects juridiques lorsque la vie de l’enfant est mise en danger par les choix des adultes.
      Accentuation des activités de Santé de Reproduction, du passage en service adulte et de l’autopromotion des adolescents et jeunes.